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28 novembre 2016 1 28 /11 /novembre /2016 17:44

 

Absent sur mon blog, je me suis enfin décidé à écrire à nouveau et vous faire part des expériences toujours aussi riches qui jalonnent ma vie professionnelle.

Si je n'étais pas très présent sur ce blog, c'est tout simplement parce que pendant deux ans j'ai été bâtonnier de mon Ordre, ce qui m'a pris un temps très important, et ne m'a pas permis de pouvoir continuer à vous tenir informé.

J'ai depuis quelques mois repris ma liberté et me voilà donc en mesure d'être à nouveau présent sur mon blog.

L’histoire recommence en fanfare si j'ose m’exprimer ainsi puisque je serai la semaine prochaine devant la cour d'assises du Vaucluse pour deux affaires qui vont se succéder et qui sont pourtant assez similaires.

Dans la première affaire, je vais assister deux jeunes femmes qui ont eu l'infortune de croiser la route lorsqu'elles étaient enfants d'un prédateur sexuel qui les a, à plusieurs années d'intervalle, consciencieusement violé.

Ce procès se tiendra les 5 et 6 décembre prochain devant la cour d'assises de Vaucluse.

Je reviendrai sur cette affaire en vous précisant ses tenants et aboutissants afin que vous puissiez suivre ce procès.

La deuxième affaire qui se tiendra les 7,8 et 9 décembre me donnera encore l'occasion d'assister deux jeunes filles qui ont subi les mêmes faits par une autre personne, mais avec cette particularité qu'elles étaient déjà en perdition puisqu'elles avaient été placées dans une famille d'accueil.

C'est le mari de la personne qui accueillait les enfants qui s'est avérés être leur bourreau.

Voilà, maintenant que j'ai recommencé à écrire, je sens que je vais reprendre un rythme quotidien, du moins je l'espère, car j'ai plaisir à voir que malgré mon inactivité, de nombreuses personnes continuent à venir régulièrement visiter mon blog, ce qui me laisse à penser que vous y trouvez un intérêt.

À très bientôt donc !

 

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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 16:01

J'ai plaidé aux assises de Vaucluse pour un homme surnommé l'agneau qui s'était fait tirer dessus à 6 reprises par un homme surnommé canard.Le contexte était celui des cités, ou la loi du plus fort est toujours la meilleure...

J'ai terminé ma plaidoirie par une fable de mon cru que je livre à votre appréciation:

"si j'étais La Fontaine, je pourrais vous compter

le canard et l'agneau, fable et réalité.

Voilà deux animaux que rien ne disposait

à une issue fatale, et le sort s'en est joué.

Le canard a tiré, laissant l'agneau exsangue,

pataugeant dans son sang, mais il s'en est tiré.

Aujourd'hui nous voilà, en ce lieu réunit

pour tenter de comprendre, ce qui put l’animer.

Mais à y réfléchir, doit-on vraiment chercher

le mobile de ce geste et ses fausses vérités ?

L'agneau restera lui, avec son corps brisé

et rien que pour cela, le canard doit payer.

Si l'on devait tirer la morale de cette fable,

il faudrait sans ambages encore le proclamer.

Il n'est rien que l'on puisse trouver pour justifier

que le sang vienne laver le différend des hommes."

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 09:46

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 11:20

 

Dans la nuit du 14 au 15 avril 2011, Ruddy appelait les secours en indiquant qu'un homme était en train de se vider de son sang dans son appartement.

À leur arrivée, les secours constataient effectivement la présence d'un corps sans vie. Il trouvait Ruddy prostré dans son canapé, et celui-ci s'effondrait lorsqu'il prenait conscience du fait que cet homme venait de mourir.

Ruddy était renvoyé devant la cour d'assises de vaucluse pour répondre de cet assassinat. Il a toujours expliqué qu'il ne se rappelait plus précisément de ce qui s'était passé, mais il ne contestait pas le fait que c’était lui qui avait donné la mort à cette victime qui s'avérait être son voisin.

J'ai assuré la défense  de Ruddy devant la cour d'assises.

 À cette occasion, j'ai découvert un parcours de vie particulièrement marquant.

Ruddy est né le 8 août 1977  d'un père cadre commercial et d'une mère secrétaire de direction, habitants dans la région parisienne. Il s'agissait d'un couple relativement aisé. C'était le fils unique de ce couple, son père  ayant eu trois enfants d'une précédente union mais qui ne vivait pas à leur domicile.

Dès sa naissance, Ruddy montrera des signes d'agitation importants  qui conduiront les médecins à  le médicaliser très tôt.

En 1981, Ruddy revient de l'école accompagnée par sa mère. Arrivé dans la maison il ne trouve pas son père au rez-de-chaussée. Il monte à l'étage et dans la chambre découvre un spectacle macabre. Le père de Ruddy git dans son sang après s'être tiré une balle dans la tête. On apprendra par la suite que cet homme  a tenté tenter de se suicider parce qu'il s'était vu refuser une promotion au sein  de son travail.

Ruddy va être impacté violemment par cette vision. Le père lui laissera un mot pour expliquer son geste.

 

 

 

« Mon petit chéri,

je te demande pardon pour ce que je vais faire mais je ne me sens plus capable de faire de toi un homme, je te confie à ta mère, elle le fera beaucoup mieux que moi.

Je veux que tu saches que je t'aimai plus que tout, plus qu’une femme, plus qu'une maîtresse, que je t'ai voulu pour te donner ce qu'il y avait de mieux au monde.

Le monde aujourd'hui, je ne sais plus ce que cela représente mais je sais que tu seras plus heureux sans moi qui ai tout gâché, tout raté.

Essaye de me pardonner. »

Le père ne décédera pas des suites de ce coup de feu mais sera porteur de graves séquelles.

 Après six mois de coma, il se réveillera hémiplégique. Il a perdu tous ses acquis et la mère de Ruddy se retrouve avec deux enfants à son domicile, son fils et son mari.

Elle va être obligée de privilégier les soins à son mari, Ruddy vivant cet événement comme un abandon. Il sera placé pendant trois années en pension, ce qui renforcera ce sentiment.

À 13 ans il retourne au lycée public et découvre l'alcool et le cannabis. Il noie son mal-être. Il est en révolte contre  ses parents. Les premiers signes de désordres psychiatriques apparaissent.

Dés 15 ans il va demander à être placé par un juge pour enfant qui le placera dans des hôtels du 18e arrondissement de Paris sous l'égide d'une association. Il se retrouvera dans le quartier de Barbès  où il découvrira  l'héroïne, l'alcool, les cachets.

Le jour de ses 18 ans, il fera sa première tentative de suicide.

 Les hospitalisations se multiplient même de manière contrainte.

À partir de la de 20 ans, Ruddy prendra la route. Il s'enfoncera dans l'alcoolisme et la toxicomanie.

 Son parcours est régulièrement émaillé de séjour à l'hôpital soit pour des tentatives de suicide, soit pour des automutilations, des scarifications, soit encore pour des tentatives de sevrage ; il fera 11  cures de désintoxication en quatre ans.

Ses parents s'installent dans le sud de la France.

En 2009, il perd ses grands-parents maternels qui l’avait recueillis pendant quelques années dans son enfance.

En 2010 sa demi-sœur est assassinée par son compagnon.

Il est toujours aussi mal  et il va de tentative de suicide en hospitalisations à la demande d'un tiers.

Puis finalement il va intégrer le domicile de ses parents dans une petite ville du Vaucluse. Il est atteint d'agoraphobie et ne sortira que deux fois du domicile des parents dans la période du 20 août 2010 au début du mois d'avril 2011.

Il rejoint son père puisqu'il est, comme lui, titulaires de l'allocation adulte handicapé…

Au début du mois d'avril il intégrera un appartement autonome. Il rencontre un voisin qui est en tout point son double. Ils ont le même parcours de vie, ont fréquenté les mêmes centres de cure et de postcure.

 Il investit cette relation à fond mais il n'est malheureusement pas équipé pour gérer ses émotions.

Le mois d'avril 2011 et le mois où tout bascule dans la vie de Ruddy.

Quelques jours avant le 11 avril, il remettra une somme de 40 € à son voisin pour que celui-ci lui procure du cannabis

. Le 11 avril, il  retourne le voir pour lui demander son produit et son voisin  lui annonce alors qu'il n'a ni produit ni argent.

 On comprendra ensuite que ce dernier s'était vu plus ou moins dérobé cet argent par  des jeunes voyous qui squattait son domicile et qui avait acheté de l'alcool avec cet argent. Dans la nuit du 11 au 12 avril il sera chez son voisin et l'un des jeunes sur place va le rouer de coups. Il s'en suivra une double fracture du plancher orbital. Ruddy, qui est pourtant un colosse, est un peureux.

Le 12 avril en fin de matinée il appelle sa mère au secours pour que cette dernière l'amène à l'hôpital. Il ne voit plus d'un oeil et a le visage tuméfié. Celle-ci  ne le reconnaît pas non seulement physiquement mais psychologiquement. Il est devenu agressif, irascible, ingérable. Les consultations à l'hôpital et chez les spécialistes sont émaillées d'incidents générés par Ruddy.

Le 13 avril, il va déposer plainte auprès de la gendarmerie pour les faits qu'il a subis. Sa mère a donné congé de cet appartement qu'il ne peut plus occuper. Dans l'esprit de Ruddy, c'est reparti pour la galère, la route, l'errance.

Le 14 avril, après une visite chez un orthoptiste particulièrement mouvementée, on constate qu’il a de plus en plus de mal à se maîtriser. Il rentre chez ses parents en fin d'après-midi et pour la première fois de sa vie, il est infect avec sa mère, l'insulte,  prononce des  mots qu'elle n'a jamais entendu dans sa bouche.

N'y tenant plus elle lui dira vertement qu'elle ne peut plus supporter une telle attitude et que s'il n'est pas capable de se maîtriser il n'a qu'à prendre la porte.

En réponse, Ruddy lui dira :

« menteuse, tu m'avais dit que tu m'aimerais toujours. »

Il prépare son sac, comme pour reprendre la route, prend sa tente et son sac de couchage. Mais finalement, il réalise qu’il a donné congé de l'appartement mais que celui-ci est payé jusqu'à la fin du mois.

Il retourne donc dans cet appartement. Il a décidé d'en finir. Il commence à boire des bières en y mélangeant de l'alcool à 90. Il prend des anxiolytiques, a déjà pris du cannabis cours de l'après-midi.

Pour des raisons que nul ne comprend, il ira chercher son voisin qui viendra à son domicile. À partir de cet instant, j'ai la conviction que la pulsion va prendre le pas sur la conscience. Il va lui infliger pendant plus de 2:00 d'insupportables blessures dont une s'avérera mortelle.

Il est incapable de relater ces faits. Il explique qu'il reprend conscience et voit ses baskets rouges de sang. C'est dans ces conditions qu'il appellera les secours.

Pas moins de quatre psychiatres vont se succéder pour examiner la personnalité de Ruddy.

 Le premier, qui le verra en garde à vue, dont la mission consiste à savoir si l'état de santé de cet homme est compatible avec la mesure de garde à vue expliquera qu’il n'y a aucune difficulté à la poursuite de cet acte.

L'expert suivant qui sera désigné par le juge d'instruction a pour mission de vérifier notamment si le discernement de Ruddy était altéré ou aboli au moment de la commission des faits.

Il conclura à une absence d'altération de ce discernement.

Une contre-expertise sera décidée à la demande de la défense et le psychiatre suivant précisera qu'à son sens, compte tenu de la structure de personnalité de Ruddy et de son addiction poly toxicomaniaque, son discernement était altéré au moment des faits.

Un quatrième et dernier expert psychiatre aura lui la charge d'examiner Ruddy mais aussi de reprendre l'intégralité de son dossier médical, ce qui ne fut pas chose facile.

Il y retrouvera plus de 15 années d'hospitalisation et de soins psychiatriques avec des  diagnostics variables qui font de Ruddy parfois un garçon psychotique, mais parfois seulement une personnalité psychopathique.

 Une chose est certaine, il est dans un état de conscience tout relative.

C'est dans ces conditions que ce dossier va être examiné par la cour d'assises. Il est bien évident que le degré de conscience de l'accusé au moment des faits sera le principal du débat qui se tiendra devant cette cour.

 Les experts s'y sont succédés et ont réitéré leur conclusion.

 

Au cours des plaidoiries, les deux avocats des parties civiles nieront l'existence de cette altération considérant qu'il s'agit de manipulation

. L'avocat général en charge de représenter la société en fera rigoureusement de même, concluant à l'extrême dangerosité du personnage et sollicitant une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des deux tiers.

Pour mémoire, il s'agit d'une des peines les plus lourdes qui puissent être prononcées dans notre code pénal.

J'ai donc plaidé dans les intérêts de Ruddy.

J'ai retracé son parcours de vie.

 J'ai essayé d'expliquer  tous les abandons dont Ruddy avait fait l'objet depuis sa plus tendre enfance, abandons qui l’avait définitivement traumatisé. Je me suis bien évidemment appuyé sur les conclusions des experts psychiatres qui parlaient de cette personnalité abandonnique.

 Le dernier expert à prendre la parole devant la cour d'assises avait même indiqué que le discernement était altéré de manière significative.

J'ai posé la question à la cour de savoir ce que cela pouvait laisser comme place à la conscience ?

J'expliquais qu'à mon sens il n'était pas en mesure d'avoir prémédité quoique ce soit. Et puis, j'ai tenté de trouver avec les jurés une solution qui permette à chacun d'y trouver son compte.

Que la mémoire de la victime soit respectée et qu'il fallait que Ruddy soit évidemment déclaré coupable de ces faits.

J'ai précisé qu'aucune sentence ne le ferait revenir, quelle qu'elle soit, et qu'aucune sentence ne permettrait  à la famille de la victime d'amoindrir sa souffrance.

J'expliquais que la société et ses intérêts seraient bien plus préservés par le prononcé d'un suivi socio- judiciaire au long cours, c'est-à-dire une obligation de soins au bénéfice de Ruddy.

 J'ai demandé à la cour que nos consciences n'aient pas à se tourmenter d'un verdict qui ne tiendrait pas compte de toutes ces douleurs, de toute cette souffrance, de cette absence de véritable conscience des actes commis.

 J'ai enfin  sollicité de la cour que leur verdict permette à la mère de Ruddy de voir un jour se lever le poids de la culpabilité qui l’assaille, alors qu'elle a fait tout ce qui était humainement possible.

Après 3:00 de délibéré, la cour d'assises est revenue et l’a déclaré  coupable des faits qui lui étaient reprochés.

En répression elle l’a condamnée à 18 ans de réclusion criminelle accompagnée d'un suivi socio-judiciaire d'une durée de 10 ans.

J'ai cru comprendre au travers de ce verdict que la phrase de Camus que j'avais prononcé lors de mes plaidoiries n'était pas restée vaine :

-l'important n'est pas de guérir, mais de vivre avec ses maux ».

Et Camus d’écrire encore :

 

« il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 18:27

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 16:16

 

À la demande des parents des enfants dont j'ai assuré la défense, je retranscris ci-après des extraits de ma plaidoirie.

Il faut bien comprendre que la plaidoirie étant un exercice oral et quelle que soit la retranscription  écrite qui en est faite, elle ne peut pas être le reflet fidèle de ce qui a été plaidé.

 Quoi qu'il en soit, voilà ce qui a été dit dans la défense des intérêts de ses enfants.

 

« Nous partageons, ensemble, le triste privilège de connaître d'un procès incroyable.

Les affaires d'atteinte sexuelle sur mineur heurtent toujours notre entendement. Elle vienne bousculer nos certitudes, celles qui nous rassurent.

-Les adultes protègent les enfants,

- on n’abuse pas de la crédulité ou de l'affection d'un enfant,

-en gros, que l'homme est bon par nature.

La vérité vous tombe alors dessus, comme un couperet qui vient lacérer nos âmes, et bousculer notre sentiment de sécurité.

Ce procès est au-delà de tout cela.

Il confine à l'indicible.

Vous garderez toujours en mémoire ces quatre jours d'audience, et vous n'oublierez jamais Bruno Dul.

 

On a  l'habitude de dire  que pour déceler un  abuseur d'enfants, il faut pouvoir penser l'impensable.

Dans votre cas, il aurait fallu pouvoir discerner l’inimaginable.

Mon rôle, en qualité d'avocat de partie civile, est de faire en sorte que vous n'oubliez pas non plus, Jonathan, Sophiane, Paul, Yoann, Dylan, Rhudy, Peter, Thomas, jade, Cassandra, mais aussi bien sûrs tous les autres enfants.

Mais ils ne sont pas les seules victimes de l'accusé.

Rarement, j'aurais eu le sentiment que les parents ont été des victimes à part entières des agissements de l'accusé.

C'est le premier rempart auquel il s'est attaqué, méthodiquement, sans ne leur laisser aucune chance.

Je vous expliquerai ce que tous les enfants partagent, mais aussi ce qui fait leurs particularités.

Je vous dirai l'emprise que Dul a  réussi à exercer sur eux, rendant si simple la mise en place de cette insupportable contrainte affective à laquelle ses enfants n'ont pu que succomber.

Puisque l'accusé persiste à nier certains faits, nous nous poserons ensemble la question de savoir qui doit-on croire, puisqu'ils nous l'imposent.

 Puis je vous parlerai, et c'est primordial, de l'avenir que ses enfants sont en droit d'espérer, et en quoi votre verdict doit signer pour eux un nouveau départ, apaisé et serein.

Les premières victimes : les parents

Pour que tous ces gens aient pu voir leur méfiance anesthésiée, c'est qu'ils ont croisé la route d'un personnage hors normes.

La méthode Dul :

bien que rare, elle  n'est pas originale.

 Elle correspond au comportement des pervers pédophiles.

Elle provient de la structuration même de la personnalité de l'accusé.

Premièrement la victimisation

deuxièmement l'extraordinaire capacité au mensonge

troisièmement la manipulation :

Chaque personne est un pion sur l'échiquier de sa perversité.

Il peut séduire les mères si nécessaire, tromper les pères, se rendre indispensable aux yeux des enfants, quitte à les acheter, et il le fera, quitte à les apitoyer, et il en abusera.

À chacun de ces comportements déplacés, qui ont pu susciter la méfiance, il oppose une parade indiscutable.

Quatrièmement la culpabilité qu'il fait peser sur les enfants pendant les faits pendants l'enquête et pendant le procès.

Cinquièmement garder le contact en permanence afin de mieux asseoir son emprise.

La contrainte affective : c'est un triptyque : la séduction, la fascination, l'intimidation.

Un enfant, c'est comme de la pâte à modeler. Lorsque l'on devient son seul repère, on en fait ce que l'on veut. L'emprise exercée a été totale.

Une fois rendue totalement dépendants, les enfants ne peuvent s'opposer aux demandes, parfois teinté de chantage et de menaces, de ce pathétique Machiavel.

N'oubliez pas non plus que ce sont des enfants, que leurs connaissances en matière de sexualité est nulle. Certes, on leur apprend comment on fait des bébés mais pas ce que deux garçons peuvent faire ensemble. Ils ne comprennent pas  de quoi il parle, ils ne comprennent pas ce qu'il fait. Lorsqu'ils comprennent, c'est trop tard. »

J'explique ensuite dans le cours de ma plaidoirie quels sont les points communs de ses enfants et quelles sont leurs particularités.

« Qui doit-on croire ?

Doit-on croire la parole de Dul qui peut tout dire et son contraire ?

 La preuve en est que même lui ne s'y retrouve plus, reconnaissant des faits que certaines victimes dénies comme n'étant jamais arrivé.

 Doit-on plutôt croire la parole des enfants pour qui parler a été une souffrance visible, qui n'ont aucun bénéfice secondaire à dénoncer des faits inexacts, et qui portent en eux des séquelles importantes et invalidantes depuis les faits.

N'oubliez pas non plus que pour tous :

-ils ont  dénoncés des faits qu’ils méprisent : ils sont tous hétérosexuels et adolescents !

-La violence et la souffrance que représentent les auditions de police, les expertises de médecin légiste, de psychologue, les confrontations parfois inutiles qu’a fait subir l'accusé à l'ensemble de ces enfants, et enfin l'audience.

-Aucun n’a spontanément dénoncé les faits.

Ce qu'ils sont en droit d'attendre :

-que chacun soit fermement remis à sa place :

Que Dul sois déclaré coupable et seul coupable de ces faits, et que les enfants soient consacrés en tant que victime et uniquement victime.

Ils sont en droit n'ont pas d'oublier, mais de pouvoir reprendre le cours de leur vie.

Être en mesure de faire preuve de résilience : cette capacité à rebondir et se reconstruire avec ce qui a été subi, en faire une force.

Ce n'est pas mon habitude, mais ma conscience me dicte de vous demander que par votre verdict, vous mettiez ces enfants, mais aussi tous les autres, en sécurité, définitivement.

Ainsi, même si vous n'oublierez jamais Bruno Dul, vous pourrez vous dire que les enfants, eux, ne vous oublierons jamais ».

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 21:07

 

 

Je rentre à l'instant de la cour d'Assises qui vient de rendre son verdict dans le procès des enfants du lac.

 

L'accusé a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et surtout déclaré coupable de l'intégralité des faits sur tous les enfants victimes.

 C'est là le point le plus important pour moi, car personne n'a été laissé au bord de la route, et ils ont tous aujourd'hui la possibilité de reprendre le cours de leur vie.

 

Je dois dire que j'ai été émerveillé par le soulagement que j'ai pu lire sur le visage de chacun de ces enfants.

 Je viens de recevoir des textos des parents me disant qu'il y avait bien longtemps qu'ils n'avaient pas vu un visage aussi radieux et un tel sourire accroché au visage de leurs enfants.

 

 Je rentre ce soir épuisé, mais avec un tel sentiment d'utilité.

Je les ai certes aidé, mais ils m’ont tant donné.

Demain, à la demande des parents, je publierai sur mon blog des extraits de ma plaidoirie.

 

J'ai encore, pendant ces quatre jours, pu vivre une expérience humaine extraordinaire.

 J'espère que j'aurai régulièrement des nouvelles de ces enfants qui m'ont tant apporté.

                                                                                       

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 19:18
 
 

 


Je savais que cette journée serait particulièrement éprouvante.

Elle a commencé  par la venue à la barre d'un expert en informatique qui a eu la mission d'examiner les ordinateurs de l'accusé.

 Il y a bien évidemment retrouvé de multiples connexions auprès de sites d'échange à caractère exhibitionniste ou pédophile.

 Et puis, comme cela était prévu, l'audition des victimes a commencé.

Il s'est agit tout d'abord d'entendre la maman de Pascal. Bien évidemment j'ai changé les prénoms de l'ensemble des enfants.

 Celle-ci est venue expliquer, chargée de toute la culpabilité qui était la sienne, à quel point elle avait été roulée dans la farine et mise en confiance par cet homme dont elle était à mille lieux de penser  qu'il pouvait représenter un danger pour son enfant.

 Puis, c’ était au tour de Pascal de venir témoigner à la barre. Je  n'avais pas mesuré à quel point il était, à l'écoute du témoignage de sa mère, en quelque sorte monté en pression. La difficulté de ce dossier réside dans  la contrainte particulière qu’a mise en place l'accusé vis-à-vis des enfants.

 Il s'agirait de ce que l'on peut qualifier d'une contrainte affective.

C'est au chantage affectif et à l'apitoiement qu'il a fini par obtenir les faveurs des enfants. Sans aucune violence.

 C'est d'autant plus difficile à vivre pour ses derniers dont  le poids de culpabilité est immense. Alors qu'il avait déjà beaucoup de mal à s’exprimer, la présidente lui a posé une question qui a tout déclenché :

elle lui a demandé ce qui avait fait qu'à un moment donné il avait capitulé.

 J'ai vu le visage de Pascal se transformer et d'un coup il est totalement sortie de ses gonds, tournant les talons à la cour d'assises et s'en allant en vociférant. Je l'ai bien évidemment suivi pour tenter de le calmer. Je n'ai pu empêcher qu'à la sortie de la salle ils se frappent les poings contre les murs puis ensuite se donne des coups.

J'ai fini par réussir à le maîtriser et à le calmer.

Ce que je ne savais pas c'est que pendant ce temps, ses amis, qui étaient restés dans la salle pendant son témoignage sont venus, en quelque sorte, à l'assaut de l'accusé.

Ils ont tenté de l'atteindre et ont bien évidemment été empêché de le faire par les policiers qui étaient présents dans la salle. Le pire, c'est que les parents que j'avais pris soin d'évacuer de la salle avant le début du témoignage de Pascal, entendant des bruits à l'intérieur, sont rentrés dans la salle et se sont joints à la cohorte des jeunes.

 Quoi qu'il en soit, rien de grave ne s'est finalement passé si ce n'est que cet incident est la démonstration, si il en était besoin, de l'extraordinaire tension que vivent ces gens.

 De la difficulté qui est la leur à faire face aux mensonges et au mépris de l'accusé.

Voyant cela, la présidente a decidé de suspendre l'audience.

 J'ai récupéré l'ensemble des enfants victimes que j'ai amené déjeuner dans un endroit calme et tranquille où nous avons pu en quelque sorte débriefer l’incident et préparer l'après-midi.

Cet intermède a eu son effet puisqu’ à 14:00, l'audience a repris avec l'audition des autres enfants dans un huis clos total, ou même l'accusé avait été exclu des débats pour éviter tout incident.

 C'est la première fois de ma carrière que je vis une telle situation dans le sens où je n'avais jamais vu un accusé ne pas assister à une partie de son procès.

Ceci étant, et comme la loi le prévoit, la présidente a fidèlement rendu compte des déclarations des enfants à l’accusé lorsque celui-ci est revenu. Il a continué à reconnaître ce qu'il avait reconnu depuis le début de cette instruction est a malheureusement continué à nier une partie des faits qui lui sont reprochés.

Ceci étant, dans la mesure où les enfants y avaient été préparés, il n'y a plus eu de manifestation de mauvaise humeur ou de colère.

 Les parents se sont ensuite succédés à la barre pour expliquer leur désarroi, leur désespoir, le naufrage de leurs enfants et leurs dérives.

L'audience reprendra demain avec l'expert psychologue qui a eu l'avantage de rencontrer toutes les victimes mais aussi l'accusé.

L'audience se poursuivra par l'audition des dernières victimes de cet homme et la fin de l'instruction du dossier, les débats devant être en principe clos demain soir, pour que les plaidoiries puissent  intervenir dés jeudi matin.

À demain.

 

Les enfants du lac : jour deux
Je savais que cette journée serait particulièrement éprouvante. Hellal commencer par l'avenue Al Anbar d'un expert en informatique qui a eu la chargée de mission d'examiner les ordinateurs de l'accusé. Il y a bien évidemment retrouvé de multiples connexions auprès de sites d'échange à caractère exhibitionniste ou pédophile. Et puis, comme cela était prévu, l'audition des victimes a commencé. Il s'est agit tout d'abord d'entendre la maman de Pascal. Bien évidemment j'ai changé les prénoms de l'ensemble des enfants. Celle-ci est venu expliquer, chargé de toute la culpabilité qui était la sienne, à quel point elle avait été roulé dans la farine et mis en confiance par cet homme Montel était un milieu de penser Kelly qu'il pouvait représenter un danger pour son enfant. Puisse s'y étaient autour de Pascal de venir témoigner à la barre. Je me n'avais pas mesuré à quel point il était, à l'écoute de me du témoignage de sa mère, en quelque sorte monter en pression. La difficulté de se dossier réside dans à la contrainte particulière Camille en place l'accusé vis-à-vis des enfants. Il s'agirait de ce que l'on peut qualifier d'une contrainte affective. C'est au chantage affectif et à l'apitoiement qu'il a fini par obtenir les faveurs des enfants. Sans aucune violence. C'est d'autant plus difficile à vivre pour ses derniers dans le poids de culpabilité est immense. Alors qu'il avait déjà beaucoup de mal à sexe primé, la présidente lui a posé une question qui a tout déclenché : elle lui a demandé ce qui avait fait qu'à un moment donné il avait capitulé. J'ai vu le visage de Pascal se transformer et d'un coup il est totalement sortie de Sego, tournant les talons à la cour d'assises et s'en allant en vociférant. Je l'ai bien évidemment suivi pour tenter de le calmer. Je n'ai pu empêcher qu'à la sortie de la salle ils se frappent les points contre les murs puis ensuite je donne des coups. J'ai fini par réussir à le maîtriser le calmer. Ce que je ne savais pas c'est que pendant ce temps à ses amis qui était resté dans la salle pendant son témoignage sont venus en quelque sorte à l'assaut de l'accusé. Ils ont tenté de l'atteindre et ont bien évidemment été empêché de le faire par Apple les policiers qui étaient présents dans la salle. Le pire, c'est que les parents que j'avais pris soin d'évacuer la salle avant le début du témoignage de Pascal, entendant des bruits à l'intérieur sont rentrés dans la salle et se sont joints à la cohorte des jeunes. Quoi qu'il en soit, rien de grave ne s'est finalement passé si ce n'est que cet incident est la démonstration, si il en était besoin, de l'extraordinaire tension que vivent ces gens. De la difficulté qui Hellal heures à faire face aux mensonges et au mépris de l'accusé. Voyons cela, la présidente AURS Hagidet de suspendre l'audience. J'ai récupéré l'ensemble des enfants victimes que j'ai amené déjeuner dans un endroit calme et tranquille où nous avons pu en quelque sorte débriefing incident et préparer l'après-midi. Cet intermède annule son effet puisque à 14:00, l'audience a repris avec l'audition des autres enfants dans un huis clos total, ou même l'accusé avait été exclu des débats pour éviter tout incident. C'est la première fois de ma carrière que je vis une telle situation dans le sens où je n'avais jamais vu un accusé ne pas assister à une partie de son procès. Ceci étant, et comme la loi le prévoit, la présidente a fidèlement rendu compte de déclaration des enfants accusés lorsque celui-ci est revenu. Il a confié continuer à reconnaître ce qu'il avait reconnu depuis le début de cette instruction est à malheureusement continuer Anillé une partie des faits qui lui sont reprochés. Ceci étant, dans la mesure où les enfants y avait été préparé, il n'y a plus de manifestation de mauvaise humeur ou de colère. Les parents se sont ensuite succédé à la barre pour expliquer leur désarroi, leur désespoir, le naufrage de leurs enfants et leurs dérives. L'audience reprendra demain avec l'expert psychologue qui a eu l'avantage de rencontrer toutes les victimes mais aussi l'accusé. L'audience se poursuivra par l'audition de dernière vie victimes de cet homme est la fin de l'instruction du dossier, les débats devront être en principe Claude demain soir, pour que les plaidoiries puis c'est un intervenir des jeudi matin. À demain.

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 20:14
 

Les enfants du lac : jour un

Le procès du pédophile qui a violé et agressé sexuellement  de nombreuses victimes s'est ouvert ce matin devant la cour d'assises d'Avignon.

 

Après le tirage au sort des jurés, et la lecture par la présidente du résumé de l'affaire afin que la cour et les jurés soient informés, l'audience a véritablement commencé par l'évocation de la personnalité de l'accusé.


L'enquêteur de personnalité venu  témoigner à la barre de la cour, a fait part de son désarroi.

En effet, il a expliqué que le discours de l'accusé sur sa vie était tellement divergent des autres témoins qu'il avait pu entendre notamment de sa famille, qu'il avait du mal à savoir où pouvait se trouver la vérité.

Il a par ailleurs indiqué le caractère manipulateur de l'accusé, n'hésitant pas à se victimiser  en permanence. Il a, c'est suffisamment rare pour le noter, fait part de ses inquiétudes quant à la capacité à récidiver de l'accusé.

 

 La matinée s'est terminée par l'audition de son ex-épouse et de sa belle-fille, qui a, elle aussi, dénoncé le fait qu'elle avait été sexuellement agressé par l'accusé.

Même si ces faits sont prescrits, ils ont un impact sur la cour et les jurés.

L'après-midi s'est ensuite déroulé avec l'audition de l'expert psychiatre qui a eu l'occasion d'examiner l'accusé. Il a exposé qu'il avait trouvé chez l'accusé une personnalité névrotique avec des incidences perverses, à caractère pédophile.

 Il a expliqué que le risque de récidive était  majeur et qu'il était très prématuré d'envisager que des soins puissent être efficace concernant cet homme, dont on ne pouvait pas savoir si la démarche de soins était utilitaire ou authentique.

 

Pour continuer à cerner la personnalité de l'accusé, la cour a fait citer un jeune homme, Olivier, aujourd'hui âgé de 40 ans mais qui a eu l'infortune de croiser la route de l'accusé lorsqu'il avait à peine 14 ans.

Il a raconté que ce dernier l'avait tout simplement accaparé et lui avait offert sa propre femme en échange de ses faveurs.

Autrement dit, il pouvait avoir des relations sexuelles avec la femme de l'accusé, à la condition de subir les assauts de ce dernier.

Ce témoignage était très important pour mes clients.

Ils ont eu en effet l'occasion de pouvoir toucher du doigt ce qui pourrait être leur vie dans quelques années, lorsque le temps a passé et que le processus thérapeutique aura pu être mise en place pour eux.

 C'était en fait la meilleure manière de leur donner un message d'espoir.

 

Demain sera consacrée à l'audition des victimes et de leurs parents. Ce sera pour moi une journée particulièrement éprouvante car je les accompagnerai tous à la barre et même si je ne souffrirai pas autant qu’eux, j'en sortirais vraisemblablement épuisé.

 J'espère ne pas finir trop tard et être en mesure de vous rendre compte de cette journée dés demain soir.

 

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 18:24

Je vous avais parlé, il y a quelques mois, de cette histoire ou un pervers pédophile avait jeté son dévolu sur nombre de petits garçons, qu'il avait notamment approché à l'occasion de parties de pêches au lac de Mormoiron.

 

Sur 14 victimes, j'en défend 12.

Je viens de terminer de préparer le dossier.J'ai le coeur au bord des lèvres.

 

Le pire, c'est qu'il n'y a eu aucune violence physique. Le sentiment de culpabilité de ces garçons est énorme.De plus ils ont été atteint au tout début de l'adolescence, et ont aujourd'hui entre 14 et 17 ans.L'épreuve pour eux est difficilement surmontable.

 

Il a toujours agit dans le registre de la séduction, de l'apitoiement, n'hésitant pas par exemple à leur dire à tous que sa femme et ses deux enfants étaient morts, alors qu'il n'en était rien.

Qu'il avait besoin de se rapprocher d'eux, pour combler l'immensité du vide... c'est à vomir.

 

J'ai toujours pensé qu'il fallait encore mieux protéger nos enfants des prédateurs sexuels, car un enfant, c'est comme de la pâte à modeler : on en fait ce que l'on veut.

 

Ce dossier en est l'illustration parfaite.

Le procés débute lundi prochain devant la Cour d'Assises d'Avignon.

 

Je vais essayer de vous en rendre compte tous les soirs.

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