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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 20:55

 

L’audience commence vers 9 heures, par l’arrivée des magistrats.

 

La cour est composée d'une présidente et de deux juges assesseurs hommes.

 

Depuis la dernière réforme de la cour d'assises, il n'est plus tiré en première instance que six jurés qui complètent la cour.

 

Et bien pour la première fois en 24 années de carrière, ce sont six jurés femmes qui ont été tirés au sort. Même le juré supplémentaire qui été designé pour compléter la cour en cas de défaillance d'un des six premiers jurés est elle aussi une femme !

 

Pour ce qui me concerne, je n'en tire aucune conséquence. Je n'ai jamais considéré qu'un sexe été plus laxiste ou plus répressif que l’ autre.

 

Comme à l'accoutumée, l'audience commence par l'étude de la personnalité de l'accusé. Celui-ci est défendu par deux avocats d'Aix-en-Provence, expérimentés, et que je connais bien.

 

Je suis venu à l'audience accompagnée de la maman de cette petite fille que nous appellerons Morgane pour les besoins de ce récit. Une jeune consœur qui vient juste d'accoucher est à mes côtés et assiste à l'audience les deux parents de la victime, sa sœur, mais aussi celle qui était la compagne de la victime au moment des faits, tout en étant la mére du fils de l’accusé avec qui elle a vécu.(ouf !!!)

 

La personnalité de l'accusé est abordée au travers d'une enquête de personnalité qui est réalisée par un professionnel, qui permet de retracer sa vie de sa naissance, jusqu'au jour où il comparaît dans le box des accusés. L'histoire de cet accusé a ceci d'original qu'il est né dans un petit village de Calabre où il a vécu toute son enfance et son adolescence. Il n'en est finalement parti que pour rejoindre cette jeune fille qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance, puisqu'elle passait toutes ses vacances dans ce petit village calabrais.

 

Mais cette étude est complétée par une expertise psychologique et une expertise psychiatrique de l'accusé.

 

Au travers de l'exposé de ces deux professionnels, on comprend, mais pourrait-il en être autrement, que la personnalité de l'accusé comporte des failles narcissiques importantes.

 

Le psychiatre conclura son exposé en indiquant que les traits de personnalité de l'accusé constituent des facteurs de risques, et de passage à l'acte.

 

Se succèdent ensuite à la barre  son oncle et sa tante qui l’ont accueilli à son arrivée en France et chez qui il a vécu. La cousine de l'accusé est ensuite entendue et par ce témoignage on aborde déjà un peu les faits.

 

En effet, cette jeune femme, au demeurant policière dans un aéroport de la cote d’azur, a été l'une des premières à être informée de ce que son cousin venait de commettre.

 

Puis viendront à la barre deux témoins directs des faits.

 

On se rappelle que la victime a été abattue alors que elle était dans son véhicule, arrêté un stop. Ces deux trentenaires sont venus montrer, l'émotion qui était encore la leur à l'évocation de faits pourtant anciens de trois ans.

 

Ils ont été choqués aussi par l'attitude de l'accusé qui a semblé d'un calme et d'une froideur à vous glacer le sang.

 

Ils expliqueront tous les deux comment ils ont vu cet homme s'approcher calmement en pointant son arme à hauteur de tête au travers de la vitre du véhicule fermé, et vider mécaniquement le chargeur de son revolver.

 

Sont ensuite appelées à la barre le médecin légiste et le balisticien qui ont été désignés dans le cadre de l'instruction, l'un pour pratiquer l’autopsie du corps de la victime, et l'autre pour examiner les projectiles qui avaient été retrouvé sur la scène de crime.

 

Les exposés d'autopsie à la barre une cour d'assises sont toujours particulièrement difficiles à entendre ; le vocabulaire est précis, cru, sans aucun sentiment.

 

 Le balisticien, lui, confirmera que l’arme ne pouvait être qu'un revolver, ce qui explique l'absence de douilles sur les lieux des faits.

 

La présidente, qui s'est déjà prise de bec avec les avocats de la défense à une ou deux reprises, prend la décision d'appeler à la barre la jeune femme qui se trouve au  centre de ce drame.

 

 Elle fera un récit d'une grande sincérité en expliquant que malgré tout ce qui a pu se passer, elle reste toujours attachée à l'accusé. Elle explique être attirée par lui. Elle suit, depuis une psychothérapie pour comprendre cette attitude. Devant une cour d’assises, et face aux parents de la victime, elle ne peut dissimuler le sentiment qui l’étreint encore, permettant d’entrevoir un caractère passionnel au geste et donc une peine plus clémente  pour la défense de cet accusé. Au lieu d’en rester là,l'un des avocats de la défense, se lèvera pour lui poser des questions ou plus exactement pour  réentendre les meilleurs morceaux de  ce que cette jeune femme vient de dire.

 

Au bout de quelques minutes, la présidente, manifestement agacée par la lenteur toute calculée et un poil théâtrale de mon confrère, lui demande de se presser un peu dans ces questions. L’avocat prend la mouche et explique que nul ne peut le restreindre dans l’exercice  de la défense d'un accusé et comme un seul homme, les deux avocats rangent leurs affaires, et quittent l'audience !

 

La présidente a suspendu l'audience jusqu'à demain matin.

 

La question que nous nous posons tous est de savoir si nous reverrons les avocats de la défense poursuivre leur mission demain matin. Car nul ne peut les y contraindre. Si tel est le cas, comme l'assistance d'un avocat devant une cour d'assises est obligatoire, la présidente devra alors commettre d'office un confrère du barreau d'Avignon.

 

Celui-ci ne pourra faire autrement que de demander le renvoi du dossier, pour permettre à l'accusé de bénéficier d'une défense homogène et ce dés le début du procès, qui , on l’a compris, recommencera depuis le début.

 

Le témoignage de cette jeune femme était tellement favorable à la défense, que ce serait desservir l'accusé que de ne pas revenir demain matin. Connaissant les deux confrères, je pense que l'un d'entre eux sera particulièrement difficile à convaincre. L’autre était déjà hésitant ce soir. C'est un avocat qui, je pense, à l'instinct des assises. Il ne peut pas ne pas avoir perçu ce moment si favorable à son client.

 

Je vous parie qu'il reviendra demain.

 

Je vous promets de vous tenir au courant des que je rentre de l'audience.

 

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 19:59

Pendant trois jours à compter de demain matin, je vais assister une petite fille de huit ans devant la cour d'assises de Vaucluse.

Un matin, son père est sorti de chez lui et est rentré dans sa voiture pour se rendre à son travail. Il n'y arrivera jamais. Il ne savait pas que l’ex- compagnon de la femme qui partageait sa vie l'attendait au bas de son immeuble. Au premier stop, l'homme qui le suivait en voiture est descendu de son véhicule et a vidé le chargeur de son revolver. Il est mort sur le coup.

La petite fille avait alors quatre ans. Lorsque l'on sait l'attachement qu'une petite fille de cet âge-là a vis-à-vis de son père, et le besoin qui est le sien de pouvoir se blottir dans ses bras, on imagine alors l'immensité de sa peine.

Mais cet enfant, comme de nombreux autres, me surprend par sa capacité de résilience. Même si, aux dires de sa mère, elle a parfois de grands moments de tristesse, elle vit sa vie de petite fille, essaye d'être comme ses semblables, celle qui le soir retrouve papa et maman à la maison, ou même celles qui une semaine sur deux vivent chez papa ou chez maman.

D'ailleurs, lorsqu'elle va rendre visite à une de ces petites copines  dont c'est le cas, elle demande toujours à sa mère de pouvoir elle aussi rester pour le week-end, comme le font d'autres copines à elle.

C'est dans ce besoin d'être comme les autres qu'on mesure là aussi le désarroi de cet enfant.

. Elle a bien compris qu'elle ne pouvait pas s'identifier à ses copines dont  le papa et la maman vivaient sous le même toit. Elle essaye de le faire avec celles des amis qui vivent dans des familles monoparentales, qui ressemblent à la sienne, mais pour d'autres raisons.

Il est bien évident que je ne garderai pas à mes côtés pendant trois jours d'audience cette petite fille. Mais on lui a expliqué ce qui était  sur le point de se passer, et elle a souhaité être présente. Alors, avec sa maman, nous avons décidé qu'elle viendrait demain après-midi pour le premier jour d'audience passée quelques minutes dans cette salle. Elle en a le droit. Elle a le droit de voir qui lui a enlevé son papa. Elle a aussi le droit de faire face aux gens qui sont chargés de juger cet homme. Il serait anormal qu'ils n'aient pas au moins l'image de cet enfant qui n'aura plus de père, lorsqu'ils auront à juger son assassin.

J'ai toujours le même débat avec mes confrères à propos des avocats de partie civile dans les dossiers criminels. On me répète à l'envi que c'est sur la raison des jurés que l'on doit s'appuyer et non pas sur leur émotion. Je ne partage pas cette analyse. Je ne pense pas que la raison soit indissociable de l'émotion.

De plus, de nombreux procès ne posent aucune difficulté sur la culpabilité de l'accusé, et ce n'est certainement pas une vague d'émotion qui pourra emporter la conviction des jurés.

Ne pas leur faire part de l'émotion qui est celle d'une victime, au même titre qu'ils doivent ressentir de l'émotion à l'évocation du parcours de vie souvent chaotique et tragique de l'accusé, revient en quelque sorte à tronquer le procès.

C'est aussi considérer que les êtres humains que sont les jurés et la cour, doivent agir comme des machines et n'utiliser que des raisonnements logiques pour arriver à se forger une intime conviction. Je partage ce point de vue, sur le fait que c'est avec leur raison qu'ils doivent se forger une intime conviction sur la culpabilité ou l'absence de cette dernière. Mais pour constater l'étendue et l'ampleur des dégâts, il est normal qu'ils soient mis face à l'immensité de l'absence de celui qui ne sera plus jamais la.

Enfin, penser que les jurés peuvent se laisser berner par des vagues d'émotion sans que des éléments objectifs viennent asseoir la culpabilité d'un accusé, c'est certainement les prendre pour ce qu'ils ne sont pas.

Je me propose, comme j'ai déjà eu l'occasion de le faire, de vous rendre compte du déroulement de ce procès au jour le jour.

À demain !

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 19:24

Il y a quelque temps de cela, je vous ai reparlé d'une affaire qui a marqué ma carrière judiciaire.

Le rappel des faits : un riche commerçant était retrouvé assassiné d’une décharge de fusil de chasse dans son lit, son épouse, son fils et son beau-fils étant présent dans la maison.

Après quelques mois d'enquête, les soupçons s'étaient dirigés vers la femme de la victime, qui avait été jugée à trois reprises et déclarée coupable à trois reprises.

L'acte d'accusation précisait bien que la mère avait, avec l'aide de ses enfants et notamment de celui dont j’assure la défense, maquillé la scène de crime pour faire croire à une intrusion extérieure.

Des journalistes se sont émus de l’histoire de cette famille et ont  réalisé en quelque sorte une contre-enquête qui a permis, à tout le moins, de montrer les graves lacunes de cette procédure.

Le nouvel avocat de Mme Alessandri a déposé un recours devant la cour de révision. Lorsque l'on sait à quel point cette cour est frileuse à revenir sur des décisions de justice d'ores et déjà définitive, on ne pouvait qu'être inquiet.

J'avais cependant espoir que la parole de ce petit garçon de 12 ans qui en a aujourd'hui 23 soit enfin reconnue  comme étant la vérité. Depuis plus de 10 ans que j'accompagne  ce gamin, je m'étais rendu compte à quel point il était difficile pour lui de ne jamais être cru, d'avoir l'impression de vivre dans un mensonge organisé par un système judiciaire qui l’ avait laminé.

À 14:30, la décision de la cour de révision est tombée :

la cour a fait droit à la requête en révision et a ordonné un supplément d'information.

Il s'agit d'ores et déjà d'une victoire. Cela signifie en langage clair que la cour de révision, saisi de ce recours, à considérer que ce qui avait été fait jusqu'à maintenant n'était ni fait ni à faire.

C'est en cela que cette décision peut être savourée

. Ensuite, trois solutions s'offriront à l'avenir de ce jeune homme.

Ou bien la cour de révision considére que le supplément d'information  n'a rien apporté de nouveau et rejette le recours.

La deuxième solution consistera ce que le supplément d'informations ait apporté des éléments nouveaux méritant la tenue d'un nouveau procès.

 Enfin, la cour de révision peut fort bien, après avoir pris connaissance du supplément d'information, purement et simplement annuler la condamnation dont  Mme Alessandri a fait l'objet.

Je ne mesure pas La joie qui a du être celle de Brice de se rendre compte qu'il n'était pas si fou, que des gens dont c’est le travail se sont mis à considérer que ce que les Alessandri clamaient depuis plus de 10 étaient peut être la vérité. Car, pour Brice, s’il est fondamental que sa mère soit innocentée, il est crucial que l'on retrouve les assassins de son père.

Je pense que cela pourra peut être faire en sorte de réconcilier Brice avec la justice de son pays.

 

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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 18:53
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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 19:10

Un avocat assassiné comme un voyou, l'image a de quoi choquer. De plus, cet homme était parfaitement intègre, et on le voit mal se compromettre dans une histoire qui se terminerait de la sorte.

Attenter à la vie des gens qui portent la robe, c'est démontrer qu'on ne respecte plus l'institution à laquelle ils appartiennent. C'est, quelque part, le reflet de l'image que la justice peut avoir dans l'esprit des gens.

Antoine Sollacaro n'était pas un avocat sulfureux, c'était un avocat engagé.

Le fait que cet assassinat ait eu lieu en Corse renforce encore une signification plus lourde de conséquences.

On supporte les excès des Corses parce que, jusqu'à maintenant, ils  respectaient des valeurs qui étaient sacrées à leurs yeux, et qui consistait notamment à ne jamais s'attaquer, comme le dit d'ailleurs le bâtonnier Mattei, à l'instituteur, au curé, à l'avocat, au médecin, à l'enfant ou aux anciens.

Cet acte a valeur de symbole.

On parle depuis longtemps de la dérive de la Corse, ce crime en est la démonstration flagrante.

Il n'y a plus d'exception corse que dans le crime.

Les avocats sont en deuil, mais la Corse aussi.

Depuis la fin du régime de Vichy et l'occupation, la mort ne faisait plus partie des risques du métier d’avocat.

Une société qui ne respecte plus ses symboles est une société qui n'existe plus.

 

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 10:56

je suis évidemment comme vous cette affaire ou une élue parisienne se retrouve mêlée à une histoire de blanchiment.

D'après ce que j'ai compris de cette histoire, il lui est reproché d'avoir fait appel à un tiers douteux pour rapatrier de l'argent occulte qui provenait d'une succession qui lui avait été versée en Suisse.

Au travers de cette histoire c'est finalement le mécanisme du blanchiment qui est expliqué au grand public.

De quoi s'agit-il ?

De l'argent provenant  d'activités occultes se retrouve réinjecté dans le système officiel, et ce sont les personnes qui utilisent ce système qui se voit reprocher en quelque sorte l'officialisation de fonds occultes devenus parfaitement légaux.

Si je comprends bien cette histoire, cela signifie que par l'intermédiaire de ces personnes, de l'argent qui n'étaient pas soumis à l'impôt, pas plus que la perception d'une TVA, le devient.

Car une fois que cet argent est blanchi, il suit les circuits classiques et par voie de conséquence se trouve inclus dans l'assiette des cotisations, de l'impôt, de la TVA, etc.

Au risque d'être un peu provocateur, il me semble que nous devrions récompenser ces gens !

En effet, grâce à eux, l'argent sale entre dans le PIB de l'État et des impôts peuvent enfin être prélevés sur ses fonds.

Plus sérieusement, on se rend compte que c'est bien en amont que l'État devrait pouvoir sévir. Car en fait, ce sont les agissements illicites qui génèrent ces profits qui devraient être poursuivis et interdits.

Le blanchiment ne permet finalement que de rectifier le tir, si j'ose m'exprimer ainsi, au regard de cette manne qui échappe jusqu'à son blanchiment au perception fiscale et sociale.

Pour en terminer, je me plains. J'aimerais tant pouvoir recevoir ou bénéficier d'un héritage de plus de 350 000 euros et je souhaiterais n'avoir pour seul souci que le fait de savoir comment je vais pouvoir profiter de cet argent…


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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 17:52

il est rare que tous les intervenants d'un procès soient unanimes sur un verdict de cour d'assises. Il est malheureusement de plus en plus fréquent de constater que cette unanimité se fait sur un constat d'échec.

J'ai passé une bonne partie de ma journée dans la voiture, et j'ai donc  entendu sur les ondes  les différents avocats qui avaient pu intervenir dans ce procès.

Pour un avocat de la défense, il parle de loterie judiciaire.

 Pour l'avocate des victimes, elle parle d'un profond gâchis et d'un sentiment qui va à l'encontre de la justice.

De quelque côté que l'on se place, cette procédure semble être la démonstration d'un naufrage.

Car de deux choses l'une, ou bien, comme la cour l'a dit, 10 de ces accusés étaient innocents, et alors il est insupportable d'imaginer qu'on ait traîné ces jeunes devant une cour d'assises, après leur avoir fait subir de la détention provisoire ou des contrôles judiciaires.

Si au contraire la cour d'assises s'est trompée, elle a commis une faute grave à l'endroit des victimes.

Lorsque l'on regarde un peu les ingrédients de cette procédure, on ne peut pas s'étonner d'un tel échec.

Une instruction qui a duré sept années ! Un procés qui intervient plus de 10 ans après les faits !

Je me suis toujours posé la question de savoir comment pouvait-on oser sérieusement  demander un témoin ce qu'il a vu 10 ou 12 années auparavant.

C'est alors que le procès devient un mauvais théâtre, où chacun semble vouloir jouer son rôle en y croyant pas vraiment. Il faut sauver les apparences mais nous ne sauverons que cela.

.

J'ai déjà eu l'honneur de défendre une victime de ce que l'on a communément l'habitude malheureuse d'appeler une tournante. En entendant les comptes-rendus d'audience de ce procès pour ces deux jeunes filles, je revoyais ma jeune cliente assaillie par des questions extraordinairement blessantes.

Je n'arriverai jamais à comprendre comment on peut se mobiliser avec autant de moyens et de force pour protéger nos biens, et fort peu se préoccuper des atteintes à l'intégrité physique de nos enfants.

Il me semble pourtant que je préférai 100 fois qu'on me dérobe mon portefeuille, plutôt que l'on touche à un cheveu de mes enfants.

Je suis évidemment  persuadé que chacun d'entre nous partage ce sentiment.

Alors que dire de cet appareil judiciaire qui n'est pas en mesure d'être en correspondance avec les priorités de ses citoyens. Le manque de moyens n'explique pas tout.

Des victimes de faits aussi graves ont le droit de voir leur affaire traitée dans un délai raisonnable. Elle partage ce droit avec les accusés.

Ce qui est finalement le plus rageant c'est de se demander ce qu'aurait été ce procès s'il s'était tenu deux ans après les faits.

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 19:08

Je pense que vous avez été nombreux à suivre cette série originale sur Canal+. En dehors des performances artistiques qui sont indéniables de quelque côté de la caméra que l'on se place, j'ai été, pour la première fois, agréablement surpris de la manière dont le monde dans lequel j'évolue tous les jours a été dépeint.

Loin de moi l'idée de dénoncer des querelles d'influence systématique dans la magistrature, ou des querelles de services au sein même de la police, mais il y a dans cette série de véritables accents de vérité.

Pour une fois, tous les hommes et les femmes évoluant dans ce monde sont dépeints comme des êtres humains : perfectible, parfois fragile, sujet aux aléas de leur propre vie, influençable.

Le fait que ces gens soient dépeints comme nos semblables donnent à cette fiction une touche de réalité indéniable.

Mais plus encore que la manière de dépeindre les hommes, c'est la manière de décrire le fonctionnement  des institutions et des administrations dont nous dépendons tous qui a forcé mon admiration.

Ce n'est pas faire injure à la magistrature que de constater que certains de ses membres sont à la fois incompétents et protégés.

Ce n'est pas insulter la police que de savoir que certains chefs de service sont peut-être plus intéressés par leur plan de carrière que, dirons-nous, par tout autre chose.

Ce n'est pas non plus salir la robe que je porte que de dire de certains de mes confrères qu'ils ont pu franchir la ligne jaune.

En dehors de son côté  pédagogique, cette fiction permet aussi de montrer au public l'extraordinaire difficulté de l'exercice de certaines fonctions. Finalement, plus la responsabilité est grande, plus le risque d'être atteint par des pressions ou des corporatismes est important.

Lorsque l'on voit les agissements dans cette série de certains policiers, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'actualité et les mésaventures de la BAC  de Marseille.

« Et ne nous soumets pas à la tentation… »

Il est bien difficile de dire ce que l'on serait capable de faire face à de telles sollicitations. Les petits caïds des cités brassent des sommes d'argent qui dépasse l'entendement d'un fonctionnaire. On parle de racket ; je pense, pour en avoir été moi-même victime, qu'il y a dû y avoir de sérieuses sollicitations ou, en échange de quelques liasses, les yeux devaient regarder ailleurs.

Si vous acceptez ne serait-ce qu'une seule fois, c'en est fini de votre indépendance et de votre liberté.

Avant de jeter l'opprobre sur ces gens au métier si difficile, prenons quelques minutes de notre temps pour imaginer ce qu'a pu être leur quotidien.

Et ce à quoi nous aurions su résister si nous avions été à leur place.

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 20:00

Ce n'est pas aux frères dont on a tant parlé que je m'adresse, mais au père de ces deux garçons.

Je suis désolé d'avoir vu votre nom traîné ainsi dans la boue, dans des conditions qui sont inacceptables.

 Car de quoi s'agit-il ?

Si j'en crois mon ami et confrère Dupont Moretti , Nicolas n'a même pas parié.

 Mais le pire n'est pas là.

Ce qui est tout de suite ressorti du battage médiatique qui a eu lieu autour de cette affaire, c'est que les frères Karabatic avaient triché. Ce n'est pas le fait de parier mais le fait de tricher qui marque et choque les esprits, et qui rend innommable la manière dont cette affaire a été traitée.

A-t-on, à un moment donné, réalisé qu'on soupçonnait deux joueurs d'avoir triché lors d'un match auquel ils n'ont pas participé!!!!!

C'est le fait de les faire passer pour des tricheurs qui est inqualifiable. C'est jeter le discrédit et la honte sur toute leur carrière sportive alors que cette dernière a toujours été exemplaire.

Même si l'avenir leur donnera certainement raison, le mal est fait.

 On a traité des champions olympiques de tricheurs. Rien ne justifie un tel lynchage, et certainement pas le besoin de faire de l'audience.

Je forme en tout cas le vœu qu'ils soient tous les deux rapidement autorisés à faire ce pourquoi ils vivent : jouer au handball.

Pardon, Monsieur Karabatic

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 18:14

 

Bonjour, je m'appelle François, et je vais bientôt fêter mes un an. Je dois dire que j'ai eu un début de vie assez compliqué. Mais parents naturels sont décédés et j'ai été confié à l'État. Je suis ce que l'on appelle un pupille de l'État.

J'ai été confié aux services du conseil général qui m'ont fait habiter dans un endroit qu'on appelle la pouponnière.

Un jour, alors que j'étais à la pouponnière, un Monsieur et une dame sont venues me rencontrer. Ils ont passé deux jours avec moi et ensuite ils m'ont emmené chez eux. Là-bas, j'ai découvert une famille avec une chambre pour moi, et une grande soeur !

J'ai très vite compris qu'il s'agissait de mon papa et de ma maman, non pas ce qui m'avait fabriqué, mais ce qui m'avait choisi. À peine deux mois après mon arrivée dans cette nouvelle famille, j'ai compris qu'il y avait de l'inquiétude dans l'air.

D'après ce que j'ai pu comprendre, les services de l'État avaient considéré que finalement, ma mère n'était pas suffisamment stable psychologiquement pour pouvoir m'adopter et en conséquence, il était demandé à mes nouveaux parents de me ramener à la pouponnière.

Ce que j'ai compris c'est que, parce qu'elle avait fait cinq fausses couches, et qu'elle avait eu dans son ventre un bébé qui était mort en naissant, ma mère avait passé des moments très difficiles. À ce moment-là, elle s'était un peu réfugiée dans l'alcool. Mais ce problème avait été pris en charge à la fois par ma maman et mon papa qui était allé voir des médecins et le problème de ma maman était réglé.

Quoi qu'il en soit les services de l'État ont pensé que ce n'était pas le cas et ont donc demandé que je retourne à la pouponnière.

Mon papa et ma maman sont allés voir un avocat qui leur a expliqué comment contester cette décision des services de l'État. C'est ce qu'ils ont fait et ont refusé de me ramener à la pouponnière, tant que les juges qui avaient été saisis par le recours, n'aurait pas tranché et décidé si oui ou non je devais rester dans ma nouvelle famille.

Chaque semaine, dans ma nouvelle famille, des gens venaient vérifier que ma maman et mon papa s'occupait bien de moi et que j'étais heureux.

C'est le cas.

D'après ce que j'ai compris, les services de l'État doivent vérifier que mon intérêt est préservé. Comment puis-je leur expliquer que je me sens très bien dans ma nouvelle famille et que tous les gens qui sont à mon contact s'en rendent compte et l'ont confirmé.

Les grands seraient-ils tombés sur la tête ?

Suis-je en train de payer les conséquences d'une querelle entre des services qui ne me concerne pas ?

J'ai compris par mon papa et ma maman que les juges avaient été saisis de mon cas et qu'il devait rendre une décision le 7 novembre prochain. J'espère que ces adultes-là ne seront pas tombés sur la tête, et qu'ils feront en sorte que je puisse rester dans cette famille qui m'a tant espéré et que j'ai tant attendu.

De toute manière, mon papa et ma maman m'ont fait comprendre qu'ils iraient jusqu'au bout pour me garder car j'étais maintenant leur fils.

Dans quelques jours, je vais souffler ma première bougie. J'espère qu'on nous laissera tranquille et que je pourrais souffler toutes mes autres bougies entourées de mon papa, ma maman, et de ma sœur.

Même si je ne suis pas né sous une bonne étoile, il faut bien qu'un jour je commence à avoir un peu de chance.

 

 

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