Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 14:40

 

Mon fils étant licencié au club de rugby de Monteux, c'est tout naturellement que je suis devenu leur avocat.

C'est dans ce cadre que j'ai eu, cet après-midi, l'occasion de défendre l'un des joueurs de l'équipe première à qui il était reproché des violences qui se seraient perpétré au cours d'un match qui s'était tenu le 15 janvier de cette année contre l'équipe de Villeurbanne.

Les circonstances de cette échauffourée méritent qu'on s'y arrête un instant.

Nous sommes à la 78e minute du match et Monteux mène de trois points. Quelques minutes auparavant, le buteur de l'équipe de Villeurbanne avait été remplacé par un autre joueur de champ.

C'est à cet instant que l'arbitre va siffler une pénalité au profit de Villeurbanne, qui décide de tenter cette dernière. Contre toute attente, le buteur de l'équipe de Villeurbanne qui n'étaient pourtant plus un joueur de champ rentre sur le terrain pour taper la pénalité. Malgré l'intervention du capitaine de l'équipe de Monteux, l'arbitre laisse faire et le buteur réussi la pénalité, égalisant contre Monteux à la dernière minute.

Inutile de vous indiquer quelle ambiance va s'en suivre…

Les joueurs de Villeurbanne vont narguer leurs collègues de Monteux et une bagarre générale va alors éclater. Cela signifie que 20 joueurs de Monteux vont se battre contre 20 joueurs de Villeurbanne. L'un des joueurs de Villeurbanne aura l'idée d'aller déposer plainte contre l'un des joueurs de Monteux pour indiquer précisément que c'est lui qui lui a porté des coûts.

Le joueur de Monteux va être entendu par les services de gendarmerie et confirmera avoir participé à une bagarre générale dans lequel il a lui aussi reçu des coups puisqu’à la sortie des vestiaires, il sera immédiatement emmené à l'hôpital pour passer un scanner.

Il est bien évidemment incapable de dire à qui il a porté des coups et de qui il en a reçu.

C'est d'ailleurs ce qui m'a permis d'obtenir la relaxe de ce joueur devant le tribunal cet après-midi, ce dernier considérant qu'il existait un doute qui devait profiter à celui qui était poursuivi.

Le joueur de Monteux n'a pas pu s'empêcher d’indiquer au tribunal qu’il jouait au plus haut niveau depuis plus de 20 ans, qu'il avait reçu un nombre incalculable de coups, et qu'il ne lui est jamais été venu à l'esprit de déposer plainte contre l'un de ses camarades.

En effet, la tradition veut que, le rugby étant un sport viril, lorsque les choses dégénèrent, elles se règlent sur le terrain, ou, mieux encore, lors du repas qui est en général partagé après le match.

Je suis content d'avoir pu obtenir la relaxe de ce garçon qui ne méritait manifestement pas de souffrir une inscription à son casier judiciaire.

Dans une dizaine de jours, l'équipe de Monteux reçoit à nouveau l'équipe de Villeurbanne. Il me tarde de savoir si le joueur qui a déposé plainte fait toujours parti des effectifs…

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 19:01

 

Elle est là, recroquevillée dans la salle d'attente, le souffle coupé.

Je l'appelle par son nom. Elle lève les yeux et son regard se rempli de panique.

Nous prenons l'ascenseur pour arriver jusqu'à mon bureau et elle n'y tient plus. Elle pleure. Elle ne peut arrêter ce flot qui sort de son corps sans qu'elle ne puisse rien y faire.

Elle ne m'a encore rien dit mais je sais déjà les raisons qui l'amènent vraisemblablement à venir me consulter.

Elle a 25 ans, vit en concubinage, et ne supporte plus sa vie. Plus exactement, ce qu'elle ne supporte plus c'est de faire avec ce qui lui est arrivé lorsqu'elle était enfant, et qu'elle a tenté d'enfouir au fond de sa mémoire, comme si cela n'avait jamais existé.

Aujourd'hui, elle est au pied du mur. Elle ne peut plus faire comme si rien ne s'était passé. Ce passé l’a rattrapé, et lui interdit aujourd'hui de vivre le présent.

Une fois arrivée dans mon bureau et installée, elle parvient, entre deux sanglots, à m'expliquer que si elle est venue me voir c'est pour me parler de ce que son oncle lui avait fait lorsqu'elle était petite.

Ses yeux sont remplis de terreur. Je comprends qu’elle a jusque-là gardé le secret. Elle est terrorisée à l'idée qu'on puisse ne pas la croire. Effrayée à l'idée d'être obligée d'expliquer à sa mère que le mari de sa propre sœur l’a sexuellement agressée alors qu'elle avait une dizaine d'années.

Je lui explique alors que si elle est venue jusqu'à moi, c'est qu'elle n'a plus le choix. Qu'elle soit cru ou pas est finalement secondaire. Il est impératif pour elle de parler, de dire ce qu'elle a vécu, car sinon elle risque d'en mourir. Même si ce n'est pas physiquement, c'est une mort psychologique qui l’ attend.

Elle en convient avec un petit sourire et la peur qui était la sienne de ne pas être crue s'estompe un peu au profit d'une nécessité qui s'impose à elle.

Elle n'a pas déposé plainte car elle n’a, à ce jour, pas osé le faire. Elle vient me voir pour en quelque sorte puiser la force de faire le nécessaire et d'entendre que c'est le bon choix.

Je ne lui dis pas que c'est le bon choix, je lui explique que c'est le seul choix qui s'offre à elle.

Je ne sais pas ce que je donnerai pour que ceux qui sont ensuite amenés à juger ce genre d'affaires soient présents et qu'ils aient à faire face à tant de souffrance  pour qu'il puisse enfin comprendre qu'elle ne peut pas être feinte.

Il reconnaîtra peut-être les faits. Son parcours judiciaire s'en trouvera grandement raccourci et facilité.

Mais même s'il ne reconnaît pas ces faits, le simple fait pour elle de les avoir dénoncés représente une avancée sans commune mesure pour lui permettre de vivre sa vie sans être en permanence polluée par ce qui lui est arrivé.

Elle est repartie de mon cabinet un peu calmée, peut-être un peu rassérénée. Elle a le nom de l'officier de police judiciaire qu'elle doit contacter si elle se décide, et je sais qu'elle le fera.

Aujourd'hui, comme presque chaque jour, une nouvelle victime a passé la porte de mon cabinet et j'ai pris l'engagement de l'accompagner jusqu'à ce qu'elle aille mieux.

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 10:29

 

Il s'agit du nom du bar qui se trouve en face de la prison de la santé à Paris. Je ne suis pas certain qu'il existe encore mais pendant des décennies, c'est là que les familles attendaient la sortie de leurs parents incarcérés. J'ai toujours trouvé cette note d'humour particulièrement savoureuse.

Comme à peu près tous les samedis matin, je me suis rendu tout à l'heure à la maison d'arrêt du Pontet pour y visiter mes clients incarcérés.

Cela fait bientôt 25 ans que je fréquente les maisons d'arrêt de France et de Navarre, et, décidément, je ne m'y ferai jamais.

Même avec l'habitude, et avec la certitude de ressortir quand bon me semblera, il n'en reste pas moins que dès que l'on passe le premier mur d'enceinte, on sent une sorte d'oppression vous assaillir qui ne vous quittera que lorsque vous vous serez extrait de ce lieu.

Je satisfais aux obligations de sécurité et je me dirige vers la salle qui est réservée aux entretiens entre les avocats et leurs clients.

Pour les détenus, cela ressemble un peu aux couloirs de l'espoir. Espoir d'avoir une bonne nouvelle de la part de son avocat, ou simplement la certitude d'un moment d'humanité partagée dans un monde qui ne l’est guère.

C'est tellement vrai, que la plupart de ceux que je suis amené à rencontrer n'ont pas vu leur dossier particulièrement avancer de sorte que je n'ai pas grand-chose à leur dire sur la procédure qui les concerne. Il s'agit plutôt de quelques minutes au cours desquelles le détenu va pouvoir, en quelque sorte, s'évader de son univers en étant en contact avec quelqu'un qui n'appartient pas à ce lieu. En partageant les instants d'un homme libre, vous vous libérez un peu.

On trouve, dans les maisons d'arrêt, toutes sortes de détenus.

Il y a les habitués. Ceux dont on a l'impression qu'ils se sentent presque aussi bien à l'intérieur de ce lieu qu'en liberté. Il s'agit souvent d'une façade qui colle au personnage qu'ils se sont forgés.

Et puis il y a la cohorte de ceux qui n'ont rien à faire là.

Les honnêtes gens qui ont, une fois dans leur vie, commis une infraction et qui se retrouvent catapulté dans un monde qui n'est pas le leur. On les reconnaît vite à leur regard. Ils sont perdus, inquiet, et ne parlent généralement à personne.

Et puis, il y a ceux dont la place serait plutôt dans un établissement psychiatrique, mais que la psychiatrie ne peut ou ne veut pas prendre en charge. Ils ont souvent le regard vitreux, ils sont bourrés de cachets, et moi qui viens tôt le matin, je me rends compte que pour nombre d'entre eux, l'effet des somnifères qu'ils ont pris la veille ne s'est toujours pas estompé.

Comme l'administration pénitentiaire n'est pas équipé n'a pas vocation à soigner les malades, par principe de précaution, ils sont abrutis par la chimie, afin de ne pas poser de problèmes de comportement.

Pour certains d'entre eux, je sais que les mots que je leur prononce n'atteindront jamais leur conscience. Mais je suis sûr que le simple fait d'entendre le son de ma voix et de pouvoir échanger avec moi représente pour eux un moment important dans leur vie carcérale.

Pour les pénalistes du coin, c'est aussi l'occasion de se retrouver et de faire, en quelque sorte, corps pour passer ce moment si curieux, ou la phrase d'Henri Leclerc qui traite les avocats pénaliste de mendiants d'humanité prend tout son sens.

Le dernier détenu que j'avais visité quitte le boxe et je récupère mes affaires pour retrouver le chemin de la liberté.

Les avocats font partis des rares personnes à pouvoir dire qu'ils ont ressenti ce que représentait la privation de liberté.

Après avoir récupéré mes affaires au vestiaire, la dernière porte s'ouvre et je prends un grand bol d'air, frais et libre.

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 17:20

 

Très honnêtement, je pensais que nous en avions terminé de cette pantalonnade, lorsque, lundi soir, le président de l’UMP nous a finalement annoncé qu'il avait gagné cette élection avec 98 voix d'avance.

Quelle ne fut pas ma surprise de vivre un nouveau rebondissement dans cette guerre particulièrement intéressante que se livrent aujourd'hui deux ténors de la droite.

Si j'ai bien compris, on a compté les voix des TOM, mais pas les voix des DOM, ou inversement, ce qui aurait peut-être pour effet de modifier le résultat de cette élection et de donner le perdant, vainqueur et par voie de conséquence le vainqueur, perdant !!!

Je pensais donc, comme tout démocrate légaliste, que ces voix allaient être finalement prises en compte et que le résultat serait donné en fonction de l'intégralité des suffrages exprimés.

Il semble qu'il n'en soit rien… Le perdant qui a peut-être gagné a fait savoir qu'il renonçait finalement à la présidence de ce mouvement.

 Comme je le comprends…

Mais contre toute attente, il a semble-t-il indiqué que si les irrégularités constatées sur ce suffrage n'étaient pas suivies d'effet, il envisageait d'exercer un recours, voir une plainte contre le vainqueur peut être perdant.

Je suis hors d’haleine, j'ai le souffle coupé, tellement la tension est à son comble.

 Que va-t-il advenir ?

Qui va finalement gagner cette élection ?

Une chose semble t'il est aujourd'hui certaine, c'est que les pauvres adhérents de ce parti ne sont pas les vainqueurs de ces atermoiements politiques.

Ce qui est finalement le plus cocasse dans cette affaire, c'est de voir les membres de l'un ou l'autre des groupes qui s'opposent dans ce parti, lorsqu'on leur pose la question de savoir s'ils sont capables maintenant de s'unifier pour un combat commun de répondre d'une seule voix :

« Nous n'avons pas le choix, nous le devons à nos adhérents…"

Personne ne dit si dans les prochaines réunions, le port du gilet pare-balles sera obligatoire !

Je n'ai jamais été encarté dans quelques formations politiques que ce soit, et ce pour les raisons que j'ai déjà à de multiples reprises l'occasion de vous expliquer.

Mais je pense que si j'étais un adhérent de l'UMP, je chercherai ailleurs des représentants qui soient susceptibles d'une certaine efficacité pour véhiculer les idées qui seraient alors les miennes.

Même si aujourd'hui je suis certain que la plupart des gens de gauche rient à  gorges déployées de ce psychodrame ridicule qui se joue, il devrait être conscient que ce genre d'attitude rejaillit sur l'intégralité de la classe politique.

Personne ne sortira grandi de cette histoire est certainement pas ceux qui briguent nos suffrages de manière régulière…

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 17:49

 

Aux termes de l'article 388-1 du Code civil, tout enfant mineur a le droit d'être entendu dans une procédure le concernant.

À ce titre, l'enfant a donc le droit d'être entendu dans toute procédure de séparation entre ses parents qu'il s'agisse d'un enfant naturel et d'une simple séparation ou d'un enfant légitime qui subirai  le divorce de ses parents.

Cette disposition de la loi française n'est que la transcription d'une disposition de la convention internationale des droits de l'enfant et s'impose dans tous les pays signataires de cette charte.

Avec le recul, je ne suis pas certain que cela soit finalement une bonne idée. Pourtant, vous connaissez mon engagement aux côtés des enfants et le souci qui est le mien de voir toujours porter leur parole.

Dans ce cas de figure, l'enfant porte finalement une responsabilité écrasante.

Car en effet, même si il n'est pas décideur et qu'il n'émet qu'un souhait, il suffit que la décision de justice aille dans le sens du souhait de l'enfant pour que ce dernier soit considéré comme le responsable de cette décision par celui des deux parents qui a, en quelque sorte, perdu.

Il faudrait arriver à trouver un moyen qui permette à l'enfant de s'exprimer sans qu'il ne devienne l'enjeu  d'une bataille qui le dépasse.

J'ai déjà eu à de multiples reprise l'exemple d'enfants particulièrement perturbés par cette situation, ne sachant plus quoi dire, s'interdisant même de dire ce qu'il en était pour ne pas froisser l'un ou l'autre ou pire, pour ne pas supporter la responsabilité de la décision à intervenir.

Je suis actuellement un dossier ou il s'agit d'un garçon de 14 ans qui subit la procédure de divorce de ses parents.

La mère que j'assiste s'est opposé à la mise en place d'une résidence alternée, et le juge a finalement considéré qu'il était opportun de mettre en place cette résidence pour une période d'essai de six mois.

Alors que les choses se sont particulièrement mal passées lorsque l'enfant était chez le père, celui-ci a fini par indiquer, après avoir passé 15 jours consécutifs chez son père, qu'il souhaitait le maintien de la résidence alternée.

On comprend bien que tous les moyens de pressions et tous les moyens de séduction sont alors possibles et qu'il est certain que dans ce cas de figure, le père a dû se montrer sous un jour particulièrement favorable pour faire en sorte que l'enfant change d'avis.

Mais le juge aux affaires familiales  doit statuer dans l'intérêt supérieur de l'enfant, et non pas en fonction de ses  désirs qui eux sont éminemment variables.

Quoi qu'on en pense, ce procédé a pour effet pervers que l'enfant devient partie au procès qui oppose ses parents et se sent au moins aussi responsable que ses parents dans la survenance de la décision.

Il faut arriver à trouver une solution qui permette à l’enfant d'exprimer son souhait sans que ne repose sur lui la responsabilité de la décision à intervenir. J'ai, dans le cas de figure que je vous ai expliqué,  reçu mission par la mère de maintenir sa demande d'une résidence principale à son domicile, nonobstant ce qui sera vraisemblablement le souhait de son enfant.

Je vous tiendrai au courant et vous direz si le juge a pris une décision contraire.

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 19:40

Je ne peux résister à l'envie qui est la mienne de vous faire part de mon sentiment après avoir vécu, comme vous, ce combat des chefs pour la présidence de l’UMP.

Il m'est immédiatement revenu en mémoire cet album d'Astérix ou l'on voit tous les membres du village vouloir d'un coup devenir chef…

Quels que soient les idées politiques qui sont les vôtres, force est de constater, que l'UMP a fait la démonstration de son absence totale de cohésion.

Mieux, les deux candidats chefs, se sont comportés très exactement comme deux  prétendants d'une république bananière.

À les entendre, tous deux, à 10 minutes d'intervalle, s’auto proclamer vainqueur de cette élection avait de quoi faire sourire, même si le climat ne s'y prête pas. Ils auront au moins eu, pour la population française, cet avantage.

Mieux encore que les chefs, ce sont les sous-chefs qui ont été particulièrement cocasse.

Ils ont passé la soirée et la nuit à proclamer leur héros vainqueur, argumentaire et chiffres à l'appui, certains faisant même état de leur qualité d'ingénieur pour expliquer qu'il savait compter!!!

Il est certain que si j'étais membre de ce parti, je me pose la question de savoir si j’appartiens  bien à une formation en état de venir critiquer les atermoiements du gouvernement actuel.

Mais je pense que le mieux reste à venir. J'attends impatiemment le moment où l'ensemble de ces Messieurs et dames vont nous expliquer, qu'ils sont tous unis, et solidaires dans un même combat contre la majorité actuelle.

Lorsqu'on se rappelle ce qu'ils se sont mis, au sens propre du terme, pendant toute cette soirée, il y a de quoi rêver.

Que l'on ait des divergences d'opinion est parfaitement compréhensible dans un débat démocratique, même si l'on appartient à une même formation. Mais que l'on s'accuse des pires maux, des pires malhonnêtetés, de bourrage d’urnes, d'escroquerie et autre doit nécessairement laisser des traces.

Lorsque l'on sait que notre classe politique souffre vis-à-vis de son public d'un manque d'authenticité, on peut craindre que cela ne s'arrange pas dans les jours prochains.

Cela me rappelle une phrase que mon père a prononcée lorsque j'étais enfant, pour parler de la classe politique.

 Il me disait ne leur faire aucune confiance et ce tout simplement parce qu'il n'était là que pour être élu, et une fois que cela était arrivé, ils étaient capables de tout pour se maintenir.

C'est vrai que l'on a du mal à retrouver dans ce comportement le souci de l'intérêt général.

Quoi qu'il en soit, il semble que l'intérêt de cette élection consistait à être le mieux placé pour se présenter aux élections présidentielles de 2016. Tout cela  n'a finalement que peu d'intérêt, dans la mesure où tout d'abord 2016 c'est loin, et ou quoi qu'il en soit, ils seront certainement tous les deux candidats.

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 18:31

Les affaires d'atteintes sexuelles sur les enfants sont malheureusement trop souvent l'occasion d'une culpabilisation importante des parents.

J'ai été saisi par une famille lyonnaise composée d'un couple et de trois fils. Les parents sont des  actifs, et, manquant de temps pour s'occuper des enfants, ont eu l'idée de faire appel à un organisme permettant de trouver une fille au pair. La mère, pensant qu'il fallait une certaine autorité pour pouvoir s'occuper de ses trois fils, a eu l'idée de  prendre un garçon et non pas une fille au pair, pensant que ce dernier pourrait partager les loisirs des garçons et se faire mieux respecter par ces derniers.

Étant d’origine espagnole, son choix s'est naturellement tourné vers des ressortissants de ce pays. Elle trouve sur un site Internet la perle rare. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, finissant ses études de médecine, et souhaitant continuer à parfaire ses connaissances en langue.

Le courant va très vite passer, et la mère me dira d'ailleurs qu'elle va rapidement considérer ce grand jeune homme comme un membre à part entière de la famille.

Curieusement, au fil des mois, la relation entre le fils aîné et son père se dégrade, tandis que ce dernier est de plus en plus proche de celui que nous appellerons pour les besoins de ce dossier José.

Un sentiment curieux de gène s'installe au fil des semaines dans cette famille et la mère, qui ne voit rien de choquant, commence à être particulièrement perturbé par la relation qui s'instaure entre son fils et José.

Elle prend la décision d'écarter José, mais celui-ci ne l'entend pas de cette oreille.

Il insiste, joue sur toutes les cordes, le sentiment, l'agressivité, voir le chantage au suicide. Elle finit par se laisser attendrir et accepte de reprendre José, juste avant que l'histoire n'éclate au grand jour.

Le petit garçon, qui va de plus en plus mal, n'exprime rien. Le père finit par penser l'impensable. Il questionne son fils et est horrifiée des réponses qu'il reçoit. Depuis des mois, José entretient avec ce garçon une relation perverse. L'enfant va subir plusieurs agressions sexuelles et un viol.

Les dégâts sur l'enfant, comme souvent, sont considérables. S'il devait y avoir un mot pour expliquer sa vie, ce serait celui d'insécurité. Il est devenu agoraphobe, incapable de se rendre au collège sans être accompagné, n'ayant plus confiance en personne.

On sent parfaitement à quel point ce garçon est déchiré. José a fait jouer toutes les cordes à sa disposition et cela a pour conséquence que l'enfant oscille entre  la volonté de le voir puni et incarcéré jusqu'à la fin de sa vie et le fait qu'il ne lui soit pas fait de mal…

José n'est pas encore jugé mais le temps a déjà fait son œuvre.

 Le petit garçon va mieux et il ne lui reste plus, pour pouvoir fermer le livre de cette histoire, que d'entendre une juridiction déclarer José coupable des faits qu’il  lui a fait subir.

On ne peut pas en dire autant des parents. On sent la maman sur le point de craquer à tout moment, bien que son statut social et ses activités lui permettent de donner le change. Le père est dans la colère, dans la haine, dans la volonté de se venger, de faire payer.

Pourtant, leur enfant va mieux. C'est leur propre souffrance qui est aujourd'hui en jeu.

Si cela était encore nécessaire, cette histoire est la démonstration des dommages collatéraux systématiques que ces affaires engendrent au sein des familles.

Il me reste encore du travail. Aller jusqu'à faire comprendre et accepter à ces deux parents qu’il ne leur était pas possible de prévoir ce qui s'est passé. Leur faire aussi accepter l'idée que c'est le fait de voir José déclaré coupable qui doit être attendu et non pas une sanction exemplaire, car celle-ci ne sera jamais à la hauteur de leur souffrance.

Une peine n'a jamais pansé une douleur.

 

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 16:15

 

 

je rentre de deux jours à Paris ou j’ai  pu enregistrer deux numéros de l'émission à laquelle je participe depuis maintenant bientôt sept années.

Je me rends finalement compte que je ne vous ai pas souvent parlé de cette expérience. C'est finalement  l'occasion pour moi d'être confronté à des personnes qui rencontrent des difficultés et qui ont besoin de trouver des solutions. Finalement rien de neuf par rapport au métier que j'exerce.

Ceci étant les effets sont radicalement différents.

En effet, j'ai eu à de multiples reprises l'occasion de me rendre compte de l'effet thérapeutique immédiat que pouvait apporter à une personne en souffrance le fait de pouvoir s'exprimer dans un tel cadre.

S'agit-il de la présence des caméras, d'une écoute peut-être plus accrue des difficultés rencontrées ?

Je ne connais pas les raisons qui amènent les gens à profiter pleinement et avec autant d'efficacité de ce système.

J'ai encore eu l'occasion cette semaine de m'en rendre compte.

 J'ai enregistré une première émission dont le thème était de « comment se construire lorsqu'on est fils de voyou »

Toutes les personnes qui se sont retrouvées sur le plateau avaient eu un vécu différent de cette même expérience. J'ai pu mesurer à  l'occasion de cette émission que cette dernière leur avait fait du bien. Je me rappelle notamment  de l'un des invités qui était arrivé particulièrement tendu, et qui finalement à l'issue de l'émission  nous a chaleureusement remercié de l’y  avoir convié.

Nous ne lui avons apporté aucune espèce de solutions, il n'en avait d'ailleurs pas besoin. Mais le simple fait d'avoir pu discuter dans ce cadre des difficultés qu'il avait pu rencontrer l'a manifestement aidé.

La deuxième émission que j'ai été amené à enregistrer avait  pour thème les disparitions volontaires.

Sur le plateau se trouvaient à la fois trois personnes dont un proche avait disparu sans donner de nouvelles, mais aussi une femme qui, à l'âge de 18 ans, avait quitté le domicile familial sans plus donner la moindre nouvelle à sa famille.

Dans ce cas de figure, j'ai pu mesurer  l'émotion et la douleur de ces gens qui étaient sans nouvelles de leurs proches depuis des années avec toujours la même question lancinante de savoir s'ils étaient vivants ou morts.

Finalement, c'est qui leur a  été dit au cours de cette émission était des choses qui étaient déjà connues d’eux, sur les modalités pratiques  qu'il convenait de  prendre pour essayer de retrouver ces personnes.

C'était bien évidemment aussi pour eux  l'occasion, même si la loi ne nous autorise pas à montrer  notamment les photographies de ces personnes disparues au titre de leurs droits à l’image et du droit à l'oubli, de faire passer le message et d'espérer que parmi les téléspectateurs il y aurait l'une des personnes qui avaient depuis si longtemps  disparu de leur vie.

Je pense qu'une des raisons de l'effet thérapeutique de cette émission consiste à la mise en commun des personnes ayant subi le même traumatisme, la même expérience difficile.

C'est l'occasion d'une banalisation, dans le bon sens du terme,  de ce qui a pu leur arriver.

On pourrait penser qu'il ne s'agit que d'une émission de « bonne femme » qui n'a que peu d'utilité. Il n'en est rien. J'ai pu le vérifier au cours de ces années et je suis particulièrement fier de pouvoir y participer, car encore une fois, c'est l'occasion pour moi  de me sentir utile.

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 17:11

 

Une jeune fille de 14 ans est venue me trouver pour m'indiquer qu'elle avait été sexuellement agressée à la sortie de son collège par deux autres collégiens qui l'avaient conduit dans un endroit à l'abri des regards, et lui avait imposé toutes sortes de gestes à caractère sexuel.

Je la sentais mal à l'aise, dans l'incapacité de finalement m'expliquer ce qui avait réellement pu se passer, notamment au regard de la contrainte et des menaces qu'elle avait pu subir.

Une fois encore, j'avais face à moi une jeune fille dont  l'éducation n'avait pu empêcher qu'elle ait eu accès à ce que nos adolescents croient être de la sexualité alors qu'il ne s'agit que de pornographie.

En effet, avec Internet, les jeunes ont accès à ce qu'il pensait être de la sexualité alors qu’ il ne s'agit que de sites à caractère pornographique. La pornographie n'est rien d'autre que la mise en images de fantasmes qui, à ce titre, devrait rester au stade de l'imaginaire.

Malheureusement, et comme aucun encadrement n'est fait, ces jeunes considèrent qu'il s'agit là de la sexualité et miment, ou répliquent ce qu'ils voient faire sur leurs écrans.

Le plus choquant de cette histoire est de constater que cette petite victime est âgée de 14 ans, et ses deux agresseurs présumés ont le même âge.

Même si, en écrivant cela, j'ai l'impression d'entendre parler mon père lorsque j'avais 15 ans, il me semble que notre société, quant à ses mœurs, évoluent de manière curieuse.

Aujourd'hui, tout un chacun a accès à des images d'une grande violence. Sans aucun encadrement, ils considèrent qu'il s'agit là du reflet de la vérité. C'est un peu comme si on montrait à des enfants des films de Superman en leur faisant croire qu’eux  aussi, ils peuvent voler…

Si cette jeune fille avait autant de difficultés à m'expliquer la contrainte qu'elle avait subie, c'est que certes, il y en avait une, mais qu'elle n'était pas d'une grande importance. Elle s'est sentie obligée d'agir, plus qu'elle n'y a été véritablement contrainte.

 Ce qui avait finalement permis le passage à l'acte, c'est que ce qui lui était demandé par ces deux jeunes garçons représentait des gestes qu'elle connaissait, même si elle ne les avait jamais encore faits.

Il ne s'agit pas de dire qu'il faut enfermer nos enfants dans des caves en espérant qu'ils n'auront accès à rien pour pouvoir les protéger. Il s'agit surtout de se rappeler que quels que soient les éléments auxquels peuvent avoir accès nos enfants, il est impératif que nous puissions continuer à les encadrer et à leur expliquer ce qu'ils sont en train de découvrir. À défaut, ils se font leur propre idée, sans avoir de référence, ce qui peut engendrer de lourdes conséquences.

Car la justice, elle, n'a pas évolué. Elle demande impérativement que soit caractérisé la violence, la menace, la contrainte ou la surprise pour que le délit ou le crime sexuel soit caractérisé. Et c'est aussi cette différence de vitesse quant à l'évolution de notre société qui peut poser question.

Je ferai évidemment tout pour accompagner cette jeune fille dans ce méandre judiciaire, en espérant qu'elle en sorte dans de bonnes conditions et que cette expérience, même si elle a été douloureuse, lui permette de mieux comprendre quelles sont les limites.

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 16:59

 

L’occasion n'est pas si souvent fréquente de pouvoir sourire à une audience correctionnelle.

J'ai eu, ce matin, l'occasion d'assister une personne devant le tribunal correctionnel d'Avignon pour une affaire un peu particulière.

Cet homme est marié et a trois enfants, mais va faire la rencontre à son travail d'une jeune femme qui va le séduire. Il tombera éperdument amoureux de cette femme à qui il promettra tout, et bien évidemment de quitter son épouse. Pourtant, il n'en avait jamais eu l'intention, essayant, comme c'est souvent le cas dans ces situations, de gagner du temps.

Mais la maîtresse se fait de plus en plus pressante, et lui se retrouve de plus en plus coincé et empêtré dans ses mensonges.

Il va lui indiquer qu'une procédure de divorce est en cours mais que cette dernière prend du temps, parce que son épouse n'a de cesse de multiplier les recours et de faire appel notamment de la décision qui avait prononcé le divorce.

Au bout d'un moment, la maîtresse ne se contente plus de ces belles paroles, et réclame des écrits. C'est là que le bas va blesser.

Pris de court, l'homme va, à la va-vite, rédiger un document de divorce qu'il va créer de toutes pièces, inventant pour les besoins de la cause une cour d'appel à Avignon, alors qu'elle n'a jamais reçu qu'un tribunal de grande instance…

Il pensait que ce document lui permettrait de gagner encore un peu de temps. Rien n'y a fait. La maîtresse va donc exiger la justification de la transcription de ce divorce sur les registres de l'État civil.

Sur l’acte de mariage officiel, il va donc rajouter une mention de divorce évidemment inexistant et  remettre le document à sa maîtresse, espérant que cette dernière lui laisserait un peu de répit.

C'était sans compter la célérité de la jeune femme, qui va s'empresser de joindre ce document à un dossier de mariage qu'elle va déposer à la mairie d'Avignon.

L'officier d'État civil va vite comprendre la difficulté, et après avoir obtenu confirmation par la mairie qui avait célébré le mariage que ces derniers n'ont jamais reçu le moindre divorce à transcrire, transmettra ce dossier au procureur de la république avec les suites que l'on connaît.

Ce matin, il comparaissait devant le tribunal, heureusement pour lui accompagné de son épouse. Je dis heureusement pour lui non pas pour les besoins de sa défense, mais parce que cela signifie qu'il n'avait finalement pas tout perdu de cette aventure et que son épouse avait fini par accepter de le pardonner de lui donner une seconde chance.

Portalis, célèbre rédacteur du Code civil disait :

« En mariage, trompe qui peut ».

Ce dossier nous enseigne qu’ en matière d'aventures extraconjugales, il n'est pas si facile de tromper son monde et que, à un moment donné ou à un autre, il faut rendre des comptes.

Cet homme a été particulièrement atteint par toute cette histoire puisqu'il en a fait une tentative de suicide, et a été hospitalisé dans un centre de repos pendant quelques jours après que cette affaire ait éclatée.

Le tribunal en a parfaitement pris la mesurer et  l’a condamné à une peine d'amende, excluant l'inscription de cette condamnation de son casier judiciaire.

Il ne put s'empêcher de jurer, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de maitremarcgeiger
  • : les réactions parfois d'humeur et toujours sincères d'un avocat pénaliste.
  • Contact

Recherche

Liens